En Italie, le Mouvement-Ligue Marxiste Révolutionnaire (M-LRM), une nouvelle organisation socialiste révolutionnaire, s’est constituée, provenant du Parti Communiste des Travailleurs (PCL). Il s’agit de dirigeants et de militants ayant une longue histoire dans la gauche trotskiste italienne et qui, depuis quelques années, font partie, au sein du PCL, de la Tendenza Corriente per la Quarta Internazionale (CQI). Au cours des dernières années, il y a eu diverses divergences et débats politiques sur la politique nationale et internationale, sur les méthodes de relations dans un parti et sur la manière de le construire en liaison avec la lutte des classes, avec un courant international et avec des propositions d’unité de la gauche en Italie, en prenant l’exemple du Front de gauche (FITU) en Argentine (voir la déclaration du M-LMR). Sur aucun de ces points, il n’a été possible d’avancer positivement au sein du PCL.
Le 11 mai, une assemblée convoquée par la Tendenza Corriente per la Quarta Internazionale se tient dans la ville de Pietrasanta, sur la côte nord de la Toscane en Italie, dans la province de Lucques. Josep Lluís de Alcázar, membre du Secrétariat international de l’UIT-QI, y a participé en tant qu’invité. Lors de l’assemblée, il a été décidé de franchir l’étape importante de la création du Mouvement de la Ligue Marxiste Révolutionnaire (M-LRM). Il a également été décidé de demander à l’Unité internationale des travailleuses et travailleurs (UIT-QI) d’être reconnue comme section sympathisante de l’UIT-QI en Italie (voir la déclaration approuvée par le M-LMR).
Le M-LMR en Italie est né avec une présence militante à Rome et dans la région du Lazio, la région de Toscane et Reggio Calabria.
Depuis l’UIT-QI, nous saluons la formation du M-LMR et nous l’accueillons dans notre organisation internationale pour continuer à soutenir la résistance palestinienne contre le génocide sioniste et la lutte de tous les peuples exploités. Nous luttons aussi pour l’unité des révolutionnaires dans la perspective de la refondation de la Quatrième Internationale.
Fondation du Mouvement de la Ligue Marxiste Révolutionnaire
Déclaration. Italie. 15 mai 2024
Cette scission, en ce qui nous concerne, est urgente, simultanément sur le plan politique et sur le plan humain et personnel, mais nous n’avions pas le choix. Le groupe au pouvoir, en assouplissant les règles du parti unifié, nous a mis entre le marteau et l’enclume.
Nous ne pouvons pas nier les caractéristiques politiques d’une méthode, celle du Parti communiste des travailleurs (PCL), devenue trop longtemps incompréhensible. Mais, le cours de cette scission n’était ni acquis ni prédéterminé. Comme minorité, bien que vivant dans une situation d’adversité et de difficulté car, en tant que camarades, nous croyions et croyons encore à la construction d’un parti révolutionnaire, nous nous sommes toujours comportés loyalement et correctement avec le groupe dirigeant.
La critique du PCL doit couvrir plusieurs chapitres.
La principale critique concerne la responsabilité du groupe dirigeant, qui s’interroge sur le fait qu’après avoir travaillé pendant près de vingt ans à la construction du parti révolutionnaire et y être parvenu parfois ou du moins en avoir été très proche (2006-2013), après avoir été la principale force à gauche du PRC (comme le prétendaient les pamphlets), il en soit arrivé en peu de temps – alors que d’autres forces se développaient – à une situation de crise grave et à l’impossibilité pratique d’influencer réellement les mouvements de lutte.
La clarification des erreurs commises par le groupe dirigeant est indispensable non seulement pour faire un bilan organique de cette organisation, mais encore et surtout pour en tirer les leçons qui s’imposent. Quelles sont donc les causes de cette difficulté dans le développement du parti ? Quelle est la responsabilité du PCL ? Pourquoi tout ne peut-il pas être justifié par un destin égoïste et absurde ? Cette direction est-elle responsable ou non ? La réponse est oui, bien sûr. Effectivement, les scissions subies par le CLP ces dernières années ont plutôt affecté que favorisé son développement relatif.
Un autre aspect négatif est la difficulté persistante à établir une discussion sereine au sein des organes du parti. Avoir une position dissidente dans un parti marxiste-révolutionnaire implique que le groupe dirigeant soit capable de répondre et de réfuter avec des arguments opportuns et vérifiables. Par exemple, la répétition de fausses accusations contre la minorité de la Tendance actuelle pour la Quatrième Internationale (CQI), aujourd’hui M-LMR, par des camarades du Secrétariat et du Comité central, comme celle qui fait référence à l’absence de centralisme démocratique au sein de l’UIT, est lassante, à la limite du nauséabond. Si des camarades pensent encore que la terre est plate, nous ne disposons pas d’outils pour les corriger.
Parce que cette méthode qui consiste à hausser le ton, systématiquement et en tout état de cause, lorsque la dissidence envers le groupe dirigeant est révélée, montre l’immaturité politique de la majorité de ce parti.
Ce n’est pas compréhensible.
Au niveau national, les positions politiques de la majorité sont politiquement stagnantes et ancrées dans un vieux cliché.
L’absence d’un projet politique qui pourrait donner une voix à la classe ouvrière dans l’arène électorale est évidente. Cela fait partie de la différence entre un parti structuré pour la classe ouvrière et une organisation qui est plongée dans sa propre survie. Depuis six ans, nous avançons la proposition de construire un front électoral sur le modèle argentin, qui a une double utilité : d’une part, pouvoir traduire la seule expérience électorale réussie des marxistes-révolutionnaires et, d’autre part, ancrer la base des organisations qui se disent marxistes-révolutionnaires dans leurs responsabilités politiques vis-à-vis de la classe ouvrière. Cependant, sans une véritable évaluation tactique, il n’y a pas de retour en arrière possible.
Par ailleurs, si la direction du CLP veut structurer une critique théorique du sectarisme, comme elle l’a fait avec le document sur la TMI (que nous approuvons mot pour mot), elle doit se doter non seulement de la méthode du « bâton » mais encore de la méthode de la « carotte », c’est-à-dire faire une proposition de front unique, car la théorie est complétée par la pratique.
Cette ligne, vissée sur elle-même, a conduit à tolérer des formes politiques routinières visant à maintenir le PCL non pas comme un instrument politique au service de la classe ouvrière, mais le PCL comme PCL. Il est loin le temps du vieux mantra du PCL, « la plus grande organisation communiste à gauche du réformisme ».
Les difficultés politiques constantes du PCL l’ont conduit à adopter différentes positions, telles que « construire sur soi-même… », « le parti anticapitaliste de la classe ouvrière… ». Autant de formules plus ou moins valables, mais qui n’adhéraient pas à la réalité parce qu’elles n’avaient pas la capacité d’éliminer les formes statiques, conduisant à une inévitable cristallisation autoproclamatoire.
Au-delà des obstacles objectifs, le fait d’avoir été trop longtemps empêtré dans des relations fluides avec d’autres organisations au niveau international a produit d’abord un retard, puis un retard dans le développement du parti, il a entravé le processus de relance de la reconstruction de la Quatrième Internationale. La ligne de regroupement reste, tant au niveau national qu’international, une nécessité incontournable non seulement pour l’avenir de la gauche communiste, mais encore pour valoriser les ferments possibles qui ont existé et qui peuvent exister (ex. GKN).
Il suffit de penser aux relations exclusivement binaires que le PCL a entretenues ces dernières années, telles que :
– PO (avec Altamira)
– EKK
– DIP
– AR-France
– PO (sans Altamira)
– Nouveau MAS
– POR russe
– Ligue pour la Cinquième Internationale
Ceci représente une inversion exacte de la méthode trotskiste. Trotsky a construit l’Opposition de gauche internationale, après son expulsion de l’URSS, non pas par des relations bilatérales mais par la méthode des regroupements. Pour Trotsky, la méthode des regroupements était donc déjà profondément ancrée avant la construction de la IVe Internationale.
Penser construire une nouvelle internationale sans utiliser la méthode des regroupements n’est pas seulement erroné et en dehors des canons du trotskisme, c’est surtout impossible.
Le regroupement aujourd’hui ne peut être poussé que par une organisation qui en a la volonté et qui est centralisée.
L’UIT-QI ne s’appelle pas la nouvelle IVe Internationale, elle n’a pas de centre de gravité rouillé et autoréférentiel dans sa construction, contrairement à toutes les fractions internationales ou internationalistes. Elle a aussi pris les meilleures positions (fait indéniable) sur la scène trotskiste ultérieure au cours des dix dernières années.