Déclaration de l’UIT-QI sur la situation française
Le 5 mars 2016
Depuis le mois de novembre et les attentats qui ont frappé Paris, la France se situe à un tournant de sa situation politique. Dans un contexte d’aggravation de la situation économique et de multiplication des conflits sociaux, le gouvernement français a instrumentalisé cette situation en jouant sur la peur des travailleurs de France pour avancer dans la remise en cause des conquêtes démocratiques et ouvrières en instaurant l’état d’urgence et en réprimant le mouvement syndical.
Dès le soir des attentats, le 13 novembre 2015, le président français, le « socialiste » François Hollande, a décrété l’état d’urgence, utilisant pour cela une loi de 1955. Cette loi avait permis au gouvernement de l’époque d’instaurer l’état d’exception dans le cadre de la guerre d’indépendance d’Algérie.
L’instauration de l’état d’urgence c’est la remise en cause des droits démocratiques fondamentaux et c’est la généralisation de l’arbitraire : perquisition sans autorisation, assignation à résidence, interdiction de manifestation, fin de la liberté d’expression.
Depuis les attentats, l’état d’urgence a été prolongé deux fois pour des périodes de 3 mois et est en application au moins jusqu’au mois de juin. À cette date, le gouvernement tentera de prolonger à nouveau l’état d’urgence. En effet, Le premier ministre français, Manuel Valls, a déclaré que l’état d’urgence serait maintenu aussi longtemps qu’existerait une « menace terroriste ». En d’autre termes ce que le gouvernement français veut c’est instaurer l’état d’urgence permanent.
Mais le gouvernement a décidé d’aller plus loin dans la remise en cause des droits démocratiques. Il a décidé de faire voter une loi pour inscrire dans la constitution l’instauration de l’état d’urgence. Le gouvernement compte également inscrire dans la constitution la déchéance de nationalité pour les bi-nationaux: cela revient à créer deux catégories de citoyens français : des Français de plein droit et des sous-citoyens.
Le gouvernement PS a instauré l’état d’urgence soi-disant pour combattre le « terrorisme ». Depuis sa mise en place, l’état d’urgence a mené à 3300 perquisitions administratives, 400 assignations à résidences et 28 poursuites pour terrorisme, c’est-à-dire moins de 1 % des perquisitions. Et encore la plupart de ces poursuites ont été faites pour « apologie du terrorisme ». Les cas avérés concernent moins de 5 personnes.
L’enjeu est donc ailleurs. En effet, en même temps qu’il mène sa prétendue guerre contre le terrorisme, le gouvernement « socialiste » a reçu de la bourgeoisie le mandat de liquider toutes les conquêtes ouvrières : durée légale du temps de travail, code du travail, statut des fonctionnaires, services publics. Pour aller jusqu’au bout de cette logique, le gouvernement a besoin d’un état fort qui lui permette de réprimer toute contestation sociale.
Pour la bourgeoisie cela est un besoin d’autant plus impérieux que la colère gronde contre la politique anti-démocratique et anti-ouvrière du gouvernement. Chaque jour des dizaines de grèves – parfois plus de cent débrayages- se déroulent à travers le pays contre les exigences patronales. Que ce soit pour réclamer des augmentations de salaires, pour s’opposer à des licenciements, pour s’opposer aux privatisations les travailleurs et les jeunes sont de plus en plus nombreux à chercher les voies de l’offensive.
Au début du mois de janvier, le gouvernement a passé un cap dans la répression anti-syndicale. 8 syndicalistes de l’usine de pneumatiques Goodyear d’Amiens (située à 150 kms au nord de Paris) ont été condamnés à 9 mois de prison ferme pour avoir occupé et pour s’être opposés à la fermeture de leur usine et aux licenciements de 1200 ouvriers par les actionnaires de la transnationale américaine. En France, c’est la première fois depuis 1955 que des syndicalistes sont condamnés à de la prison ferme dans le cadre d’une action syndicale.
Cette décision de la justice bourgeoise a engendré un profond courant de solidarité et de mobilisation au sein de la classe ouvrière. Plus de 160 000 personnes ont signé la pétition de soutien aux ouvriers condamnés. Le 4 février plus de 20 000 personnes, dont 10 000 à Paris, se sont réunies dans tout le pays à l’appel de la CGT, le principal syndicat du pays, pour manifester leur soutien aux ouvriers de Goodyear.
Des comités de soutien sont en train de se créer dans tout le pays pour amplifier la mobilisation. De plus, il apparaît de plus en plus que les travailleurs font le lien entre l’instauration de l’état d’urgence et la répression anti-syndicale.
L’Unité Internationale des Travailleurs – Quatrième Internationale apporte son soutien inconditionnel aux ouvriers condamnés de Goodyear et condamne la remise en cause des conquêtes ouvrières et démocratiques. L’UIT-QI soutient et s’associe à toute initiative qui ira dans le sens de la satisfaction des revendications de la classe ouvrière de France. C’est pourquoi l’UIT-QI appel à la plus grande unité internationale pour :
La levée immédiate de l’état d’urgence!
La relaxe pour les 8 ouvriers de Goodyear Amiens-Nord!