Adolfo Santos, membre de la direction de Izquierda Socialista/FIT Unidad – Argentine
5 juin 2024. Le samedi 1ᵉʳ juin, Izquierda Socialista/FIT Unidad a organisé un grand hommage au 50ᵉ anniversaire du massacre de Pacheco dans l’auditorium de la Faculté des Sciences Sociales, entièrement rempli. Le 29 mai 1974, Oscar « Hijitus » Mesa, 26 ans, ouvrier métallurgiste délégué du chantier naval d’Astarsa, Antonio « Tony » Moses, 24 ans, ouvrier métallurgiste de Wobrón et Mario « el Tano » Zidda, 22 ans, jeune ouvrier textile et étudiant de l’école technique n° 1 de Pacheco, ont été brutalement assassinés. L’appel a été très bien accueilli, car, bien que les événements de Pacheco aient eu un grand impact sur notre parti, ils ont été un coup dur pour tous les partis de gauche et les forces démocratiques du pays face à l’émergence de gangs fascistes, tels que la Triple A, au cours du dernier gouvernement de Juan Domingo Perón.
Ce fut un événement émouvant où des camarades et des militants qui étaient alors membres du PST se sont retrouvés. Chacun avec ses propres expériences, mais tous dans la même perspective, la lutte pour l’émancipation de la classe ouvrière et une Argentine socialiste. L’émotion des retrouvailles était présente. Les anciens camarades ont rejoint les nouvelles générations, continuateurs du courant fondé par le dirigeant trotskiste Nahuel Moreno dans les années 1940.
À cette importante présence militante s’ajoutaient les salutations des économistes Claudio Katz et Eduardo Lucita, du sociologue Eduardo Grüner, de l’historien de renom Felipe Pigna, de l’historien Hernán Camarero, de la députée nationale et dirigeante de l’Unité du PTS/FIT Myriam Bregman. L’historien Ricardo De Titto, auteur, entre autres, des trois volumes sur l’histoire du PST, était présent. L’historien Martín Mangiantini et la dirigeante historique du courant moréniste et d’Izquierda Socialista, Mercedes Petit, étaient également présents. Des messages écrits et enregistrés d’organisations et de représentants des droits de l’homme et de la lutte pour la défense du peuple palestinien ont été diffusés. Au début de l’événement, un hommage bien mérité a été rendu à Nora Cortiñas, la combattante des Mères de la Place de Mayo – Ligne Fondatrice, récemment décédée.
L’acte d’hommage a été présenté par les camarades Mónica Schlotthauer, dirigeante des chemins de fer, et Mercedes de Mendieta, enseignante, toutes deux élues députées nationales et dirigeantes d’Izquierda Socialista. Miguel Sorans, dirigeant d’Izquierda Socialista et de l’Unité internationale des travailleuses et des travailleurs – Quatrième Internationale (UIT-QI), qui avait été l’orateur de la Juventud Socialista de Avanzada (JSA) lors de l’hommage d’adieu aux camarades devant le local central du PST, a ouvert l’acte d’hommage. Sorans a replacé les événements de Pacheco dans le cadre du grand soulèvement ouvrier et populaire déclenché avec le Cordobazo en 1969 et qu’en 1974, le gouvernement, dirigé par Juan Perón, voulait liquider à tout prix pour imposer un « Pacte social » au service des patrons. Il a ensuite raconté les grandes répercussions des événements dans lesquels seul le général Perón ne s’est pas exprimé. Il dénonce de nouveau que les responsables des assassinats, aux mains des Trois A, sont Perón, López Rega et la bureaucratie syndicale de Lorenzo Miguel. Il termina en donnant raison à la politique de Nahuel Moreno, dirigeant du PST, dans son appel à l’unité d’action la plus large pour se mobiliser et former des piquets armés unitaires pour affronter les Trois A et les bandes du fascisme, qui, dit-il, « ne se discutent pas, se combattent dans la rue jusqu’à ce qu’elles soient vaincues ».
L’orateur suivant était Jorge Ávila, dirigeant ouvrier historique du PST, qui avait également pris la parole lors de la cérémonie d’adieu aux trois camarades assassinés alors qu’ils menaient une occupation et une grève à Propulsora Siderúrgica de Ensenada à l’époque, en 1974. Jorge a rappelé le triste épisode de Pacheco mais a profité de l’occasion pour nous parler de l’importance du parti dans cette lutte historique à laquelle il a participé. C’est le PST qui lui a appris à tout concerter avec la base et à décider en assemblée de chaque mesure à prendre. Cela lui avait permis de gagner le respect de ses camarades de l’aciérie.
À son tour, Laura Marrone, dirigeante d’Izquierda Socialista, bien que très jeune à l’époque, nous a apporté d’importantes réflexions sur le militantisme désintéressé du PST. Elle a déclaré qu’en ce 50ᵉ anniversaire, nous nous souvenons également de quatre autres camarades assassinés en 1974. Inocencio « Indio » Fernández, chef métallurgiste de Cormasa, est tombé sous les balles d’un Itaka alors qu’il sortait de chez lui pour se rendre à l’usine le 7 mai. Au mois de novembre, les bandes fascistes se sont de nouveau déchaînées contre notre militantisme, Juan Carlos Nievas, ouvrier de Nestlé, Rubén Bouzas, jeune lycéen de Ramos Mejía et Cesar Robles, dirigeant national du PST et dirigeant international du courant moréniste, qui dirigeait à l’époque la région de Córdoba. C’est avec plus de sang que la classe ouvrière a payé son audace dans la lutte contre le capitalisme et les bandes de Tres A du gouvernement péroniste.
L’événement a été clôturé par Juan Carlos Giordano, dirigeant de Izquierda Socialista et élu député national. M. Giordano a évoqué les événements de 1974 et les a comparés aux événements actuels, où la classe ouvrière, la jeunesse et les secteurs populaires subissent une attaque brutale de leurs conditions de vie. Et bien que les bandes fascistes ne soient pas encore actives aujourd’hui, a-t-il dit, l’unité d’action la plus large est nécessaire pour faire face à ce gouvernement néfaste d’ultradroite de Milei. Dans cette optique, il a rappelé les récentes mobilisations et grèves que nous avons menées et a appelé à une lutte unie pour mettre en échec le plan « tronçonneuse » du gouvernement d’ultradroite.
Au milieu des discours ont été lus d’autres soutiens envoyés par des dirigeants et divers partis de l’UIT-QI, tels que Lucha Internacionalista (LI) d’Espagne, Corriente Socialista de las y los Trabajadores (CST) du Brésil, Movimiento Socialista de las y los Trabajadores (MST) de la République dominicaine, Movimiento al Socialismo (MAS) du Mexique, Partido Socialismo y Libertad (PSL) du Venezuela, Partido de la Democracia Obrera (IDP) de Turquie, MAS du Portugal, Alternativa Revolucionaria del Pueblo Trabajador (ARPT) de Bolivie, Partido de los Trabajadores-Uníos du Pérou, Propuesta Socialista du Panama, le MST du Chili et le Movimiento Liga Marxista Revolucionaria (M-LMR) d’Italie, qui a récemment rejoint l’UIT-QI.
Chacune de ces salutations a été accueillie avec beaucoup d’enthousiasme par les personnes présentes, qui ont chanté à tue-tête tout au long de l’acte d’hommage contre le fascisme d’hier et d’aujourd’hui, pour une Argentine et un monde socialistes, et qui ont défendu avec force la figure de notre maître et fondateur Nahuel Moreno. Comme en 1974, le massacre de Pacheco nous a réunis de nouveau et nous étions là, maintenant avec un nouveau serment, que la chute des camarades n’a pas été vaine et que nous allons « lutter, lutter, avec rage jusqu’à ce que nous triomphions » en défaisant le plan d’ultradroite du gouvernement Milei.