26 juin 2024. Depuis des années, le Kenya est étranglé par le FMI. Le Parlement a approuvé le budget fiscal avec lequel le gouvernement de William Ruto veut augmenter les taxes sur les aliments et les carburants pour payer les échéances de la dette extérieure au FMI. Des milliers de personnes sont descendues dans les rues pour manifester leur opposition. La police, dans sa répression, a tué 17 manifestants. Ruto a envoyé 600 policiers à Haïti pour commencer l’intervention militaire. À bas le budget de Ruto et du FMI ! Arrêtez la répression ! La police kényane hors de Haïti !
Le Kenya compte plus de 54 millions d’habitants, dont 31 millions vivent dans la pauvreté et 73 % souffrent de graves difficultés financières ou n’arrivent pas à joindre les deux bouts. Dans ce contexte, une augmentation des produits de première nécessité par le biais d’une hausse des taxes enfoncerait encore plus les travailleurs kényans dans la faim et la pauvreté.
Peu après son entrée en fonction, le gouvernement Ruto a mis en œuvre, en septembre 2022, de fortes mesures d’austérité en supprimant les subventions à la farine et au carburant. En juillet 2023, il a imposé une taxe de 1,5 % sur le logement et doublé la TVA sur le carburant, qui est passée de 8 % à 16 %, portant le prix d’un litre d’essence super à 212,36 shillings (1,6 USD) (1) à la fin de l’année 2023. Dans ce contexte, en juillet 2023, ont eu lieu d’importantes mobilisations contre l’augmentation du coût de la vie. La politique du gouvernement a été de réprimer brutalement, des centaines de personnes ont été arrêtées et des dizaines de personnes ont été tuées, en toute impunité (2). Les choses n’ont pas changé, Ruto poursuit sa politique et revient à la charge pour ajuster le peuple et payer au FMI. Pendant ce temps, la colère monte face à l’impunité des grands hommes d’affaires qui fraudent le fisc et viennent de recevoir d’énormes avantages fiscaux de la part du gouvernement.
William Ruto : chien de manchon de l’impérialisme et du FMI
Le gouvernement met la main à la poche des travailleurs appauvris pour payer les intérêts de la dette extérieure, en demandant encore plus de dette extérieure. Tout en augmentant les prix des produits de première nécessité, le Kenya a remboursé 560 millions de dollars (72 milliards de shillings) de l’Eurobond 2014 grâce à une partie du produit d’un prêt de 1,2 milliard de dollars de la Banque mondiale qu’il avait reçu à la fin du mois de mai (3). Ce cercle vicieux de pillage, loin de résoudre le problème, ne fait que l’aggraver. Macharia Gaitho, chroniqueur à Nation.Africa, a décrit la situation le 3 juin : « Il semble que nos mandarins du Trésor national et de la Banque centrale soient de simples chiens de manchon des institutions de Bretton Woods, copiant et collant les demandes qui constituent les éléments essentiels d’un autre projet de loi de finances controversé et tout à fait répréhensible ».
Révolte populaire contre l’impôt
Comme toute cette politique ne leur suffisait pas, le jeudi 25 juin, le Parlement a approuvé, par 195 voix pour, 106 contre et trois votes nuls, le budget 2024/25. Son seul objectif est de collecter 2,7 milliards de dollars supplémentaires, et ainsi payer le reste des échéances de la dette extérieure qui s’élève à quelque 3,5 milliards de dollars, soit 68 % du PIB du Kenya.
Le projet de loi prévoyait une augmentation de 5 % des frais de transfert bancaire et de paiement par téléphone portable, une augmentation de 16 % de la taxe sur le pain et de 25 % de la taxe sur l’huile végétale, une surtaxe de 2,75 % sur les travailleurs salariés inscrits au régime national d’assurance maladie, et une taxe annuelle de 2,5 % sur les véhicules. Face à la mobilisation croissante, le gouvernement a retiré du projet de budget, le mardi 18, certains postes tels que le pain et les transactions bancaires. Mais, il était trop tard. Les mobilisations à Nairobi, la capitale, n’ont pas cessé et ont atteint le Parlement le jour de son approbation pour montrer toute la colère et le radicalisme de la jeunesse qui n’est plus disposée à payer pour la crise que les gouvernements et les grands capitalistes ont provoqué.
Une grande mobilisation est arrivée près du Parlement, encerclée par la police. « Nous utiliserons d’autres moyens pour venir au Parlement et l’occuper» « Ne modifiez pas, rejetez ! Ruto doit partir ! », ont insisté les jeunes mobilisés, exigeant des députés qu’ils rejettent le projet de loi. Les milliers de jeunes ont dû faire face à la répression de la police, qui a été débordée. Certains d’entre eux ont réussi à pénétrer dans le Parlement, donnant libre cours à leur colère et à leur mécontentement, mais ils n’ont pas réussi à empêcher l’approbation du projet de loi. La répression a été brutale. Certaines organisations rapportent que la répression policière a fait 17 morts, 86 blessés et 52 arrestations. (4)
Dans un message télévisé, le président William Ruto a défendu la répression au nom d’une prétendue défense de la démocratie contre une attaque sans précédent contre l’État de droit et ses institutions, et a ordonné une intervention militaire à Nairobi pour contrôler la mobilisation « quoi qu’il en coûte ». La lutte n’est pas perdue. La mobilisation doit se poursuivre avec la mobilisation des organisations syndicales et politiques, des pauvres et de la jeunesse pour empêcher Ruto de proclamer la loi votée par le Parlement. Le gouvernement peut être vaincu et les relations avec le FMI brisées par la mobilisation et la grève des travailleurs, en ignorant les paiements de la dette extérieure. Il faut cesser de payer la dette extérieure et exiger des augmentations de salaires et de pensions et des mesures concrètes contre le coût de la vie, comme l’élimination de la TVA sur le panier de base et la garantie des fonds nécessaires au travail, à la santé et à l’éducation des travailleurs.
Les troupes kényanes hors de Haïti, non à l’intervention impérialiste !
Le gouvernement, sur ordre de l’impérialisme, tout en assassinant 17 manifestants et en militarisant Nairobi, a commencé d’envoyer des troupes de police à Haïti pour mener une nouvelle intervention militaire dans ce pays meurtri des Caraïbes. Cette nouvelle intervention militaire fait suite à l’échec du gouvernement de fait d’Ariel Henry, qui n’a pas été en mesure de contrôler la gangstérisation du pays aux mains de criminels armés et de mafieux. Le nouveau Conseil présidentiel formé par les partis bourgeois PHTK et Lavalas, après le départ d’Henry, ainsi que la Communauté des Caraïbes (CARICOM), l’ONU et les impérialismes américain et français financeront les troupes envoyées par le Kenya et d’autres pays africains pour reproduire, cette fois sans le Canada et le Brésil, la MINUSTAH. Cette politique ne cherche pas à résoudre les problèmes de l’île, son objectif est de soutenir l’intervention militaire colonialiste qui rendra le contrôle aux capitalistes et s’occupera ainsi de leurs profits et du pillage de l’île au service de l’impérialisme et des multinationales. Comme nous l’avons dénoncé, avec les camarades du Mouvement socialiste des travailleurs de la République dominicaine (5) et du MST-Rozo de Haïti, nous rejetons la militarisation impérialiste à laquelle le gouvernement de Joe Biden pousse à Haïti et nous appelons fraternellement les combattants qui se mobilisent au Kenya à exiger ensemble le retrait immédiat de toutes les troupes de police que le président criminel Ruto a envoyées à Haïti. Pour l’unité des luttes des peuples contre les plans de famine et de répression de l’impérialisme et des gouvernements !
Solidarité avec le peuple travailleur du Kenya ! Que les capitalistes paient pour la crise !
Depuis l’Unité internationale des travailleuses et travailleurs (UIT-QI), nous soutenons les travailleurs du Kenya qui affrontent légitimement leur gouvernement et les politiques de famine du FMI. Nous appelons les peuples du monde à répudier la répression et la militarisation tout en exigeant la justice pour les manifestants assassinés et la punition immédiate de ceux qui sont matériellement et politiquement responsables. Vive la lutte du peuple travailleur du Kenya ! À bas le budget de Ruto et du FMI ! Arrêtez la répression ! Justice pour ceux qui sont tombés et punition pour ceux qui sont coupables !
Unité internationale des travailleuses et travailleurs – Quatrième internationale (UIT-QI)
Références :
1 – L’utilisation du kérosène chute de 39 % alors que les prix élevés étouffent les ménages – John Mutua – nation.africa.com – 24 juin 2024
2 – Des dizaines de personnes auraient été tuées lors de manifestations au Kenya – Cara Anna, Evelyne Musambi et Brian Inganga – AP’s Global Desk – 20 juillet 2023
3 – Le Kenya rembourse 72 milliards de shillings de dette Eurobond grâce à l’argent de la Banque Mondiale – Charles Mwaniki – Nation.Africa.com – 24 juin 2024
4 – Le gouvernement a ensuite retiré l’augmentation de la taxe.
5 – Voir la déclaration du MST-RD sur https://mst-rd.org/2024/06/17/no-a-las-tropas-africanas-y-del-caricom-en-haiti